M.B.A a contribué à la rédaction de cet article.
Dans un communiqué publié le 8 Janvier 2014, Reuters rapporte que la Tunisie est sur le point d’obtenir 500M$ du FMI. Des documents confidentiels que nous avons obtenus montrent explicitement que le FMI exige de nouvelles mesures à prendre avant d’entamer la nouvelle étape de l’accord “stand-by”. Le programme du FMI en Tunisie risque de durer jusqu’au mois de mars 2016.
Exigences et engagements…
Le 28 mars 2013, une lettre strictement confidentielle divulguée par Nawaat montre la soumission du gouvernement tunisien aux pressions du FMI contre l’octroi d’un prêt. Chedly Ayari et Elyes Fakhfakh, respectivement gouverneur de la BCT et ministre des finances se trouvant être les deux signataires de ladite lettre, ont déclaré que la série de réformes que contient cette lettre d’intention n’est autre que le propre programme du gouvernement. Or, une récente “note sur les prochaines étapes dans le cadre du stand-by avec le FMI” émanant de la BCT, en date du 3 janvier 2014, que nous divulguons ci-dessous, montre que ce n’est point le cas. On y trouve
L’examen du dossier de la Tunisie par le Conseil d’Administration du FMI le 29 janvier 2014, qui devrait déboucher sur la conclusion de la 1ère et 2ème revue et par conséquent le déblocage des 500M$, est conditionné par la réalisation de 6 actions préalables dont nous devons soumettre au Fonds, au plus tard le 20 janvier 2014, les justificatifs de leur mise en œuvre.
note sur les prochaines étapes dans le cadre du stand-by avec le FMI, page nº1
Dans le cas où la réduction supplémentaire du déficit budgétaire souhaitée (0.6%) n’est pas atteinte en 2014, le FMI demande à ce que le nouveau Chef du Gouvernement s’engage à accepter l’extension du programme avec le FMI jusqu’au mois de mars 2016, au lieu de juin 2015 (p2, parph 5)
Par ailleurs, s’agissant de l’audit des 3 banques publiques, nous trouvons offensant que le FMI insiste dans ce même document, à ne pas communiquer au publique ni à l’administration publique les résultats des audits de nos propres banques publiques!!!
Le FMI empêchera t-il avec cette démarche non participative, les discussions sur le sort de ses 3 banques, imposant ainsi une restructuration spécifique?
L’augmentation des prix …
Par ailleurs, un autre rapport du premier ministère daté de décembre 2013 révèle une panoplie d’augmentations de prix : gaz, électricité, carburant et pain …
Tout d’abord d’après ce document le prix de la baguette de pain sera augmenté de 10 millimes.
De plus, avant même le 20 janvier, le gouvernement devra augmenter le prix du gaz et de l’électricité.
Ensuite, le prix du carburant sera augmenté à deux reprises : une première augmentation de 3% aura lieu durant le mois de février et une deuxième de 5% aura lieu durant le mois d’août !
En plus de ces augmentations, le Ministère de l’Industrie et la Présidence du Gouvernement mettront en œuvre une formule de “fixation automatique du prix du carburant”. D’après un rapport publié par le FMI s’agit d’un mécanisme qui permet aux prix locaux d’être ajustés, d’une manière “dépolitisée”, proportionnellement aux prix internationaux.
C’est ce même mécanisme qui a été à l’origine de l’augmentation des prix des produits énergétiques en Jordanie au mois de Novembre 2013 et des violentes vagues de protestations qui en ont suivi.
Nous nous demandons ainsi s’il est raisonnable de prendre de telles mesures dans le contexte des récentes émeutes et protestations qui ont eu lieu, partout en Tunisie, suite à l’augmentation des taxes appliquées sur les véhicules ?
Monsieur Elyes Fakhfakh, ministre des Finances, a certes déclaré que ces augmentations viendront remplacer l’augmentation, suspendue, du prix de la vignette.
Elyes Fakhfakh, ministre des Finances, sur les ondes de JawharaFM (mp3).
Mais vu que les documents dont nous disposons prévoyaient déjà ces augmentations, et ce depuis le 3 janvier 2014, -soit avant le déclenchement des récentes émeutes-, la suspension de la taxe, ne sert-elle pas ainsi de prétexte au Ministère des Finances pour aborder le sujet des augmentations à venir ?
Propos et faits …
Dans un rapport publié au mois de mars 2013, le FMI a résumé en quelques pages sa vision de la réforme des subventions de l’énergie dans la zone MENA. Il avoue ainsi la complexité technique et politique des réformes de la subvention de l’énergie et déclare même qu’une telle réforme ne peut se faire que dans le cadre d’une réforme globale du secteur qui comporte aussi bien une amélioration de l’efficacité des entreprises publiques du secteur (ETAP, STIR et STEG) que la mise en place d’un plan de communication basé sur l’amélioration de la transparence au niveau de la comptabilité des subventions est nécessaire. On y trouve aussi dans le même document une insistance sur la nécessité de définir une bonne chronologie pour augmenter les prix. De plus, il est clairement écrit que: “Les réformes des subventions doivent être mises en œuvre de manière proactive plutôt que sous pression”.
Force est de constater la différence entre ce qui est écrit et ce qui est fait:
D’abord, la réforme des subventions de l’énergie a été entamée sans même qu’un audit des trois entreprises publiques – qui dominent le secteur et qui bénéficient de la totalité du budget de subventions – ne soit effectué et ce contrairement à la demande de l’UGTT et la société civile. Alors que ce n’est que de cette façon que les défaillances du secteur pourront être décelées et que le gouvernement peut mettre en place une vraie réforme du secteur de l’énergie et non en appliquant les solutions génériques des instititutions financières internationales qui semblent ne pas prendre en considération les spécificités de la Tunisie et les sources des problèmes du secteur des énergies
Inflation, inflation… inflation !
Les deux augmentations des prix du carburant qui auront lieu au mois de février et août 2014 permettront d’économiser la faible somme de 40MD sur le budget de subvention de l’énergie: loin des 220 MD dont parle le ministre des finances. On parle aussi d’une redistribution de ces 40MD. Malheureusement le processus de redistribution évoqué semble, selon ces mêmes documents, imprécis et toujours en cours de réflexion
Pair ailleurs même si ces 40MD sont redistribués, leur effets néfastes sur l’inflation seront présents. Il est claire que lorsque le prix du carburant augmente le prix de l’ensemble des biens suivra à la hausse. Ceci diminuera significativement le pouvoir d’achat des tunisiens qui souffrent encore du taux d’inflation actuel “officiellement” estimé à 6.1%.
Par ailleurs, le coût de la subvention des produits alimentaires augmentera de 16MD. L’augmentation du prix de la baguette permettra à son tour d’économiser 9MD sur le budget de la Caisse Générale de Compensation. Par conséquent, toutes ces augmentations de prix ne feront gagner à l’État que 33 millions de dinars.
Quant au maintient de la taxe sur les voitures, elle ne pourra rapporter que 80MD supplémentaires au budget des subventions !
Ces résultats resteront très loin des objectifs fixés lors de la préparation et du vote de la loi de finances 2014. Le gouvernement a voulu réduire les subventions à 2500 millions de dinars alors qu’elle étaient à 2934 millions de dinars en 2013 (+800 millions de dinars d’arriérés par rapport à l’année 2012).
Ces mesures ne permettront donc que d’effectuer 26 % seulement des économies planifiées.
Il n’y a pas que l’augmentation du carburant qui étranglera les investisseurs et les ménages, il y a aussi la politique monétaire. Par ailleurs, un autre article, également publié sur nawaat s’était attardé sur la décision de la BCT d’augmenter le taux directeur comme convenu avec le FMI. En augmentant son taux directeur, la BCT a décidé ainsi indirectement de décourager d’une part la consommation des ménages, qui ont vu leurs salaires réels diminuer depuis 2011, à demander des crédits pour subvenir à leurs besoins de consommation. D’autre part, et ce qui est encore plus grave, c’est que les Petite et Moyennes Entreprises (PME) qui représentent la majeure partie du tissu économique tunisien auront plus de difficultés à faire appel aux crédits pour investir. À un moment où l’investissement souffre de l’instabilité politique, est-il raisonnable de le décourager encore plus l’emprunt ? Avec un taux d’inflation de 6.1% t un taux de rémunération de l’épargne (TRE) à 2,75 % n’est-il pas plus raisonnable de consommer que d’épargner?
Au moment où Chedly Ayari déclare qu’il navigue à vue, il semble bien que le FMI ait pris les commandes en main…
Des questions sans réponses …
Certes les documents auxquels nous avons eu accès ont pu nous renseigner sur l’évolution de la relation entre la Tunisie et le FMI. Certaines questions sont, cependant, restées sans réponses.
Nous avons donc contacté, monsieur Amine Mati, chef de la délégation du FMI pour la Tunisie , pour lui poser les questions suivantes:
- Quels sont les termes de l’engagement signé par le prochain Chef de Gouvernement ?
- Pourquoi a-t-on décidé de préserver la confidentialité des rapports d’audit des banques publiques ? Est-ce que les membres de l’ANC auront accès à ces rapports ?
- Comment peut-on parler d’extension du programme du FMI jusqu’au mois de mars 2016 alors que des élections sont prévues pour cette année ?
- Quelles sont les mesures qui seront prises pour protéger les classes vulnérables de l’inflation causée par les prochaines réformes ?
- Que se passerait-il si de nouvelles émeutes se déclenchent pour protester contre les prochaines augmentations de prix de l’énergie ?
- Où est-ce qu’a été dépensée la part du “prêt” déjà décaissée ?
- Où est-ce que la prochaine part du “prêt” sera dépensée ?
- Y a-t-il eu concertation avec les membres de la Commission des Finances de l’ANC sur les prochaines mesures à prendre ?
- Y a-t-il eu concertation avec la Commission de l’énergie de l’ANC sur la réforme de la subvention de l’énergie ?
Malheureusement, monsieur Amine Mati a préféré laisser la chargée de communication du FMI répondre à sa place :
Nous vous remercions de votre intérêt de le travail du FMI. Malheureusement nous ne commentons pas les fuites. N’hésitez pas alire nos documents qui se trouvent sur notre site Web et tout document concernant la Tunisie est posté sur notre site web.
Nos questions resteront donc sans réponses …
M.B.A a contribué à la rédaction de cet article.
Le seul élément intéressant dans cet article est la réponse de Amine Maati
…. selon “l’école” de L’Économiste Maghrébin !! Puis aucune réponse n’a été fournie par Emine Mati….ça prouve que t’as même pas lu l’article. Est-ce que tu aimes les images…faciles ? on peut te donner plein :)
[…] Dans un communiqué publié le 8 Janvier 2014, Reuters rapporte que la Tunisie est sur le point d’obtenir 500M$ du FMI. […]
Augmenter le prix de la baguette de 10 millimes tout de suite sans incidence. En paratique les boulangers et la vende avec 200 millimes.
Excellent travail journalistique.
Le programme du FMI pour la Tunisie est excactement le même chez nous au Maroc. Egalement le même programme en Jordanie et en Egypte.
Du copier coller.
1ère lettre à Monsieur Mehdi Jomâa, Premier Ministre
1. Je me présente : Je suis un simple citoyen tunisien. J’envisage de vous adresser plusieurs lettres. Je ne vise que le bien de mon pays.
2. Nos économistes et nos grands décideurs ont toujours dit qu’ils ont peur de l’inflation alors que celle-ci a toujours battu son plein en Tunisie et dans tous les pays du monde sans exception. Il y a à peine un mois, la TV nationale nous a informés que l’inflation a atteint 6 % en 2013. Pour éviter, apparemment, l’inflation, ils ont choisi la misère pour le peuple tunisien, une détresse et un dénuement qui durent depuis 58 ans (2014 – 1956). Personne au monde ne peut arrêter l’inflation parce qu’au moins 70 % des êtres humains sont nés avec une envie insatiable d’argent, laquelle, apparente ou cachée, est une réalité indiscutable. Ces 70 % d’êtres humains n’hésitent pas à utiliser tous les moyens illégaux et illicites pour amasser de l’argent. A cela s’ajoute l’inflation imposée par les importations venues de l’étranger. Tous les tribunaux du monde sont là pour témoigner des cas de vol, de corruption, de détournements, d’abus et de malversations dans tous leurs aspects ; tout cela démontre l’envie insatiable de devenir riche des êtres humains.
3. La 2e guerre mondiale (1939-1945) a fait trop de dégâts, de désastres dans de nombreux pays et causé des millions de morts. Les USA ont détruit avec leur bombe atomique les villes d’Hiroshima et de Nagasaki. En ajoutant le chiffre de 30 ans à 1945, date de la fin de la 2e guerre mondiale, on aura : 1945 + 30 = l’année 1975. Ces 30 ans ont été consacrés par certains pays à leur reconstruction. Les français les ont dénommés « les trente glorieuses ». Voici une vérité indiscutable : Ne regardons que le Japon, l’Allemagne, le Grande Bretagne et la France uniquement. Après 30 ans de labeur, des programmes préparés mûrement, des projets bien conçus, le tout financé, en très grande partie, avec la monnaie nationale de chaque pays (l’Euro n’a été mis en circulation qu’en janvier 1999), le Japon (127 millions d’habitants) est devenu la deuxième puissance économique dans le monde, l’Allemagne (81 millions) 3e puissance économique, le Royaume-Uni (63 millions) 4e puissance économique et la France (65 millions) 5e puissance économique. Nous, 11 millions de tunisiens, après 58 ans d’indépendance (presque le double des 30 ans de reconstruction précités), nous barbotons encore dans la misère. Il y a un écart trop grand entre leurs excellents résultats et les nôtres et entre leur merveilleux développement et le nôtre. Pourquoi cette différence criarde et affreuse alors que les quatre pays susnommés ainsi que la Tunisie sont tous dirigés par des gouvernants et des décideurs diplômés des universités ? Du moment que nos 58 ans d’indépendance n’ont pas donné les bons résultats des 30 ans de reconstruction précités, c’est qu’il y a une abominable gestion de la Tunisie et des RESPONSABLES qui ont causé notre échec, une bérézina, une calamité, un désastre. Ces responsables sont les gouvernants de notre pays ; ils n’ont aucune compétence et ils le savent bien dans leur for intérieur. Le gouvernement américain a toujours été dirigé par des gens ultra-compétents et des économistes capables et réalistes. Il a toujours financé le développement de son pays avec la PLANCHE à BILLETS de la Federal Reserve. Résultat : La PLANCHE à BILLETS a fait des USA, la PREMIERE PUISSANCE ECONOMIQUE ET MILITAIRE de la planète Terre. Cette dernière phrase est une leçon très utile et très importante. Beaucoup de Chefs d’Etats y compris Bourguiba et Ben Ali l’ignorent totalement.
18 février 2014
Mourad Makdadi – Tunis
please,accept my letter as it is and thanks
[…] Mar 4, 14 › 0 comments بقلم محمد ضياء الهمامي، ترجمه من الفرنسية محمد سميح الباجي […]
[…] Mar 4, 14 › 6 comments بقلم محمد ضياء الهمامي، ترجمه من الفرنسية محمد سميح الباجي […]
[…] le rappelait, déjà, à plusieurs reprises, ces recommandations s’inscrivent dans le cadre des conditions posées par le F.M.I au prêt […]